La vie au ranch, alias Rohmer 2010 (comme il y a eu Boccace 70), alias Comment je ne me suis pas disputée (ma vie pas sexuelle)... C'est le premier long-métrage de la réalisatrice SOPHIE LETOURNEUR qui est programmé jusqu'au mardi 26 octobre au cinéma LE RIO à Clermont-Ferrand, salle "monoplexe sans complexes" qui, décidément, fait beaucoup en ce moment pour les rencontres cinéphiles. http://www.cinemalerio.com/Produit par l'ACID, le film affiche sa liberté et son esprit non conformiste, ce qui lui a déjà valu quelques prix et une programmation à Cannes.
La vie au ranch, ou la chronique de la vie étudiante à travers un groupe de filles qui boivent sec, sèchent les cours, courent les gars, gâchent leur temps, tentent leur chance, chancellent ... Sms, crises de rire, chansons hurlées, beuveries, bouffe toute prête, robes trop moulantes, stages pour commencer à travailler ou vacances bricolées au vert, c'est peut-être un peu de l'air du temps que capte le film. Certes, elles ne semblent pas avoir de soucis d'argent ou de boulot, ces poulettes qui sillonnent Paris et essaient d'entrer en boîte. On ne pense pas aux manifs anti-réforme des retraites quand on les voit se dandiner sur leurs talons - ce qui agacerait un peu, en cette période où "tout est politique", pour se référer à un fameux mois de mai -, mais il n'est pas inintéressant de se balader avec elles des Halles aux monts d'Auvergne. Leur futilité est aussi celle de l'époque, qui cantonnerait volontiers les jeunes à la fête et à l'insouciance d'échanges virtuels périssables. Pourtant, le dénouement du film montre que le temps qui passe a prise sur la plus tonitruante des écervelées, et que la jeunesse est une grâce qui ne dure guère.